ISABELLE DE CHARRIERE MORALISTE |
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Dans toute son Œuvre de fiction, Isabelle de Charrière fait preuve d’une
curiosité bienveillante mais sans dogmatisme ni parti pris sur la conduite
humaine, suivant la tradition des grands moralistes français. De ses romans et
ses récits il ressort la critique implicite des attitudes doctrinaires,
particulièrement en ce qui touche le mariage, et l’examen des conséquences
qu’entraîne une adhésion aveugle aux discriminations et tabous sociaux. Ils
s’expriment sur un registre allant du comique dans Le Noble au
tragique dans Caliste. Le choix du mot ‘moraliste’ dans le titre est
délibéré de ma part. Il sert à mettre en valeur la tradition particulière
à laquelle se rattache Isabelle de Charrière sur les questions d’éthique,
à la fois comme romancière, écrivain et penseur. Quand on dit, par exemple,
que des écrivains français du XVIIe siècle tels que La Bruyère, La
Rochefoucauld et Pascal furent de grands moralistes, cela signifie que même
dans le cas de l’apologue chrétien, Pascal, ils adoptent devant la conduite
humaine une attitude qui est plutôt sceptique, analytique et inquisitrice que
délibérément arrêtée, sentencieuse ou dogmatique.
Telle est aussi sans aucun doute l’attitude d’Isabelle de
Charrière devant l’expérience humaine. On peut même aller plus loin, car
non seulement elle est rarement didactique dans ses attitudes, elle n’est
presque jamais doctrinaire. De tous les écrivains elle est bien le dernier à
vouloir insister sans relâche sur les finesses d’une théorie sans avoir
égard aux circonstances qui entourent une situation. Isabelle de Charrière n’est
pas une moraliste dans le sens courant du mot anglais ‘moralist’, c’est-à-dire
quelqu’un qui enseigne la morale ou qui entreprend de réglementer la morale
des autres. Ce qui ne veut pas dire pour autant qu’elle ne fasse pas preuve
dans ses écrits d’un sens éthique finement approprié - elle le fait, bien
sûr - ni qu’en ce qui la concerne elle n’ait pas vécu selon des
principes moraux. Ceci pour montrer que nous devons toujours nous efforcer à la
précision lorsqu’il s’agit de définir ou de caractériser la manière dont
Isabelle de Charrière aborde les problèmes éthiques.1
Aux yeux d’un admirateur de la ‘dame du Pontet’, c’est
un constat banal que de souligner sa prédilection pour les grands écrivains de
Montaigne à Voltaire, et tout spécialement sa connaissance intime des chefs-
[p. 95] d’Œuvre du Grand Siècle. S’il y a un trait commun à ces illustres
prédécesseurs qui ait formé ses opinions, ou qui ait, du moins, coïncidé
avec une attitude d’esprit qu’Isabelle de Charrière possédait déjà, c’est
le scepticisme. Elle avait déjà reçu une éducation calviniste traditionnelle
dans sa Hollande natale et elle continua à vivre dans un milieu protestant à
Neuchâtel. Mais bien qu’en général elle fût respectueuse de la foi
chrétienne, ce qui ressort de son Œuvre littéraire et de sa correspondance
est plutôt un humanisme empreint de générosité et de compassion; en guise de
religion elle professait un scepticisme tolérant, une attitude délibérément
impartiale de doute.
Quels effets la manière dont Isabelle de Charrière aborde les
problèmes moraux a-t-elle alors sur son Œuvre de romancière? Tout au long de
sa carrière d’écrivain elle ne cache pas son admiration pour le courage qui
consiste à persévérer dans une position éthique une fois adoptée. Mais dans
l’ensemble, elle se contente dans ses romans et nouvelles de mettre en
opposition des attitudes diverses et parfois conflictuelles, et de faire
ressortir le dynamisme des échanges entre l’individu et la société, dans un
contexte d’où l’ironie des caractères et des situations est rarement
absente. En un mot, Isabelle de Charrière est ce que nous appellerions
maintenant un écrivain libéral, et l’on peut s’étonner que les
parallèles nombreux et instructifs avec sa quasi-contemporaine, Jane Austen,
établis dans un brillant essai de Jean Starobinski il y a trente ans, n’aient
jamais été menés plus loin.2
A vrai dire l’ouvrage où Isabelle de Charrière s’essaiera
pour la première fois à la satire sociale, son conte moral, Le Noble
(1762-1763) la situe entre Voltaire et Jane Austen. Dans ce conte de fées
moderne un aristocrate, le baron d’Arnonville, imbu de la splendeur de son
ascendance familiale, essaie, en vertu de sa généalogie, de s’opposer au
désir de sa fille, Julie, d’épouser Valaincourt, l’homme de son choix.
Lorsqu’à l’instar d’une princesse de roman médiéval, son père obstiné
et obtus décide de l’enfermer dans le château familial, l’indomptable
Julie s’enfuit avec Valaincourt, piétinant en un geste symbolique les
portraits de ses ancêtres qu’elle a jetés dans le fossé boueux afin d’amortir
sa chute. Après cette fugue elle finit par persuader son père de lui permettre
d’épouser Valaincourt, dans l’euphorie générale qui suit la nouvelle du
mariage de son frère avec une femme laide mais d’illustre lignée. Il ne
conviendrait pas ici de soumettre à une analyse laborieuse un simple jeu d’esprit,
cependant le conte illustre bien les valeurs auxquelles adhère déjà Belle de
Zuylen, et auxquelles continuera d’adhérer Isabelle de Charrière. Car sous
le couvert d’exagération comique à la manière de Jane Austen, il s’en
prend à une attitude [p. 96] perverse et inhumaine qui vient d’un orgueil
inconsidéré se fondant uniquement sur un arbre généalogique, et il restitue
une norme de bon sens, celle de la classe moyenne éclairée: le père
monstrueusement doctrinaire et borné, dont les préoccupations sont cruellement
abstraites, fait l’objet de moqueries constantes, tandis que les intérêts
véritables des individus sont sauvegardés et finalement célébrés.
Sous-jacente à plusieurs ouvrages de fiction parmi les plus
importants d’Isabelle de Charrière est ce que l’on pourrait appeler l’intrigue
sentimentale traditionnelle, avec ses nombreuses variations possibles. Dans les Lettres
neuchâteloises (1784) nous avons un bon exemple de l’équité avec
laquelle la romancière traite des personnages qui offrent, comme dans la vie,
un mélange plausible et convaincant de vertus et de vices. Roger Gard a
récemment parlé de la dureté du regard que porte Jane Austen sur les
futilités (‘Jane Austen’s hard look at trivia’),3
à propos de Sense and Sensibility, et l’expression ne serait pas
déplacée pour parler de ce qu’expose Isabelle de Charrière dans son petit
roman perspicace. Le personnage principal, l’Allemand Henri Meyer d’Augsbourg,
est un nouveau venu dans la société de la communauté suisse de Neuchâtel.4
Il est jeune, quelque peu arrogant et assez faible pour se laisser prendre
presque sans y penser aux appâts d’une couturière, Julianne C. qui devient
enceinte de lui. La scène sociale de la bourgeoisie de Neuchâtel est tout
aussi portée sur les principes et, le cas échéant, tout aussi intransigeante
que celle de Bath ou de Londres dans les romans de Jane Austen. Cependant Meyer
a la chance d’être aimé de Marianne de la Prise, une jeune femme d’un rang
social comparable au sien, qui le tire avec adresse d’une situation
préjudiciable, tout en lui faisant espérer qu’un éventuel mariage avec elle
n’est pas exclu. La façon dont le roman traite des ‘petits riens’ qui
marquent l’avènement progressif de l’amour qui grandit entre Meyer et
Marianne, nous rappelle Marivaux. Mais on détecte aussi une inflexibilité
digne de Jane Austen dans le sentiment de danger que l’on éprouve quand l’unique
erreur de Meyer expose celui-ci à être mis au ban de la société: il risque
de perdre sa réputation et son rang pour une erreur de jugement à la fois
sociale et morale. Il est pourtant tout à l’honneur d’Isabelle de
Charrière que, tout en nous faisant compatir avec le malheureux Meyer qui
échappe aux conséquences de sa folie et trouve l’amour véritable dans son
propre milieu social, elle ne nous laisse aucun doute sur la sévérité -
comparable à celle de Mrs John Dashwood, par exemple, de Sense and
Sensibility - que réserve la bourgeoisie à ceux qui transgressent les
conventions sociales. Ainsi on s’arrange pour que l’infortunée Julianne
soit envoyée en Allemagne où son [p. 97] bébé lui sera retiré pour être
mis en adoption. La romancière moraliste se place finalement en dehors du cadre
de référence de la classe bourgeoise pour adopter une vision plus globale de
la société.
Si certaines tensions morales et sociales sont
délibérément laissées sans solution dans les Lettres neuchâteloises,
c’est le cas d’un plus grand nombre assurément dans les deux parties des Lettres
écrites de Lausanne, désignées sous le titre Histoire de Cécile et
Caliste (1785-1787). Si la comédie de mŒurs sociales a été transmise par
les romans de Fanny Burney à Isabelle de Charrière et à Jane Austen, on peut
affirmer aussi que les deux auteurs ont été pour ainsi dire préprogrammés à
réagir avec passion - chacune à sa manière - devant l’Œuvre de fiction
du radical William Godwin, et en particulier devant son classique ouvrage révolutionnaire,
Caleb Williams (1794).5 La critique de la
société de Lausanne - voire des sociétés anglaise et française - que l’on
rencontre dans les deux parties des Lettres écrites de Lausanne
montre une Isabelle de Charrière plus que consciente des inégalités et des
injustices dont sont victimes les femmes en particulier - mais, et c’est à
noter, pas seulement les femmes - et révèle bien sûr un auteur auprès de qui
les écrits de Godwin trouveraient plus tard un écho. L’utopie centrée sur
le féminin, esquissée dans les lettres de l’aimable mère de Cécile,
tranche d’une manière choquante sur la ‘dystopie’ centrée sur le
masculin qu’est la société de Lausanne où la femme qui n’a pas trouvé de
mari connaît un sort sérieusement désavantageux sur les plans affectif et
financier. Le mariage et les intrigues familiales autour des mariages dominent
à coup sûr les deux parties liées des Lettres écrites de Lausanne, et
ce qui manque dans l’une et dans l’autre de toute évidence, est la
possibilité du mariage par amour. Car la voie qui mène à l’autel est
constamment semée d’embûches de toutes sortes.
Cécile est attirée par un jeune Lord anglais qui au cours de son
Grand Tour séjourne à Lausanne, accompagné de son tuteur. Pourtant les
indices que donnent le jeune homme sont difficiles à interpréter: a-t-il
vraiment l’intention de se marier? En même temps son manque d’expérience
et son ingénuité mettent Cécile dans une situation éventuellement
compromettante avec un capitaine marié: heureusement sa mère aimante et
attentive la tire de cette situation périlleuse. La première partie du roman
finit sans dénouement. La seconde y est liée par l’histoire du compagnon du
Lord anglais, William, et de sa relation d’amitié en Angleterre avec une
ancienne actrice, Caliste. Après le récit que fait la mère de Cécile sur un
ton ordinaire et sans passion, nous entendons maintenant William raconter d’une
manière émouvante et élégiaque sa relation avec Caliste. La première partie
du livre a révélé un vif intérêt chez la moraliste pour la nature du [p.
98] langage et les distinctions morales sans fondement qu’il nous pousse à
faire6 (intérêt qu’Isabelle de Charrière
partage avec son ami Benjamin Constant, l’auteur d’Adolphe) La
seconde partie, Caliste, aborde le thème des préjugés, c’est-à-dire
les usages reçus et les manières de penser en cours dans la société polie
qui empêchent une femme d’être jugée sur ses mérites actuels et qui la
condamnent pour des erreurs de conduite passées d’ordre sexuel. Il est, bien
sûr, dans la nature des généralisations de faire abstraction des
particularités, et les préjugés irréfléchis du père de William contre
Caliste passent sur le fait qu’elle est maintenant une femme repentie.
William, dont la personnalité avait été arrêtée dans son développement du
fait de la mort de son frère jumeau, a retrouvé le bonheur et a donné un sens
à sa vie grâce à son amour pour la belle et affectueuse Caliste. Mais il est
assez faible et apathique pour laisser l’opposition de son père repousser son
projet de mariage, jusqu’au jour où l’un et l’autre, Caliste et William,
se retrouvent pour leur malheur liés à d’autres conjoints.
La principale objection qu’Isabelle de Charrière semble formuler
contre une société telle que celle de l’Angleterre de Caliste qui
refuse si énergiquement de donner une seconde chance à la femme qu’aime
William, est qu’elle s’obstine à ne pas reconnaître la réalité du
changement qui a eu lieu chez Caliste. Une attitude aussi dogmatique et
doctrinaire ne peut que mener au malheur de l’individu et porte le malheur
dans la société en général. La conclusion à tirer de tout cela est donc que
les hommes autant que les femmes souffrent des conventions sociales qui
persistent à ignorer la nature véritable des individus et le caractère
spécifique de chaque situation. En cela Isabelle de Charrière va au-delà des
moqueries et de la satire d’une Jane Austen, et occupe un terrain qui est
plutôt celui des critiques sociaux comme William Godwin ou Elizabeth Inchbald.
Elle sera d’ailleurs par la suite la traductrice du roman Nature and Art
(1796) de Mrs Inchbald, en collaboration avec Isabelle de Gélieu.
Il n’est pas difficile de voir comment le petit chef-d’Œuvre d’Isabelle
de Charrière Lettres de Mistriss Henley, publiées par son amie (1784)
cadre avec la vision de moraliste qu’elle avait des ‘lives of quiet
desperation’ - des vies de désespoir silencieux que mènent les couples mal
assortis, phénomène qu’elle ne connaissait probablement que trop bien dans
sa vie personnelle. Pour des raisons morales, Mrs Henley avait jugé de son
devoir de rejeter la possibilité de se marier avec un homme riche dont la
demeure était à Londres, et avait choisi de s’établir à la campagne avec
un homme peu démonstratif et de goûts plus modestes. Au cours de l’histoire
nous découvrons avec elle que, même animée des meilleurs motifs, elle a
commis une erreur désastreuse. Dans les Lettres de Mistriss Henley, nous
retournons à un monde d’ironies à la manière de Jane Austen, encore que [p.
99] plus cruelles et sombres peut-être que tout ce qui a pu être imaginé à
Chawton. Car Mrs Henley, jeune femme spontanée et passionnée, découvre que
son mari est un homme raisonnable et grave, doué d’une perception des choses
résolument puritaine (voire rousseauiste), qui insiste sur le bien-fondé
absolu de son propre jugement en matière d’éducation, sur celle de sa fille.
A vrai dire, un des plaisirs que l’on éprouve à lire cette histoire (qui par
ailleurs donne le frisson) est l’espèce d’humour noir avec lequel on voit
Mrs Henley poussée peu à peu au désespoir par un mari pour qui être
raisonnable (‘raison’ et ‘raisonnable’ sont les mots le plus souvent
associés avec lui) signifie la suppression de sa personnalité propre et de ses
désirs. Il serait aisé de lire les Lettres de Mistriss Henley comme le
pamphlet le plus explicitement féministe d’Isabelle de Charrière, si ce n’était
que la romancière fait tout pour montrer au lecteur que l’obstination de Mrs
Henley est au moins en partie la cause de la dégradation de sa situation
familiale, surtout lorsqu’elle renvoie inconsidérément une domestique.
L’équité est, bien sûr, la marque du moraliste impartial, et
il serait difficile de surprendre Isabelle de Charrière ailleurs dans son
Œuvre de fiction en train d’appuyer sur le plateau de la balance quand elle pèse
les peines respectives des hommes et des femmes dans le mariage. Au XVIIIe
siècle et dans les milieux moyens et supérieurs de la société, le mariage
était devenu une institution trop souvent liée à des considérations
dynastiques, financières ou de classe, plutôt que la voie pour atteindre un
épanouissement affectif personnel. William et Caliste sont tous deux victimes
de cet état de choses, comme l’est aussi le capitaine mal marié à une femme
‘coquette, jalouse, altière’ (VIII, 156), qui aime Cécile et lui déclare
son amour (lettre XIV de l’ Histoire de Cécile).
Il faut encore peut-être ajouter à ce catalogue d’infortunes
conjugales le cas d’Henri des Trois femmes (1796), tellement
significatif aux yeux d’Isabelle de Charrière qu’elle l’a encore
développé dans la Suite des Trois femmes, manuscrit que j’ai édité
pour la première fois dans le volume IX des Œuvres complètes (IX,
127-168). L’histoire amoureuse qui est au cŒur des Trois femmes est
celle de Théobald et Emilie. Mais il y a en plus une intrigue secondaire
concernant le domestique du baron d’Altendorf, Henri et Joséphine. Henri est
l’objet d’un chantage moral de la part de Constance de Vaucourt qui veut le
persuader d’épouser Joséphine enceinte. Nous voyons cependant dans la Suite
à quel point le mariage a été désastreux, car Henri est constamment amer,
soupçonneux envers sa femme, et enclin à l’accuser d’infidélité. C’est
dans Trois femmes et dans sa Suite que ressort peut-être le mieux
l’équilibre dont fait preuve Isabelle de Charrière en matière d’éthique.
En s’appuyant sur la notion kantienne du devoir, la romancière explore les
mérites respectifs d’une conduite fondée sur un résultat anticipé,
comparée à celle qu’inspire le sens moral inhérent à une action
particulière. Elle n’incline ni d’un côté ni de l’autre, mais expose
ainsi les conséquences et les répercussions de chacun de nos actes, qui
peuvent être infinies, en se servant en particulier de l’histoire tragique de
[p. 100] M. Le Muret telle qu’elle est racontée dans la Suite par
Constance de Vaucourt.7
Isabelle de Charrière moraliste? Je le crois, oui, mais plus
encore Isabelle de Charrière romancière, insatiablement curieuse de savoir
comment trouver un équilibre entre nos exigences et celles des autres,
inventoriant les dilemmes humains, ne pouvant souffrir les théories et les
formules abstraites, épousant la cause de l’individu dans son originalité et
sa singularité. Si nous en avions le temps, nous pourrions en rechercher les
implications dans la longue querelle politique sur les vertus et les vices de la
Révolution française et de la Terreur de Robespierre qui l’a opposée à
Benjamin Constant. Comme on peut s’y attendre, elle s’y montre entièrement
logique avec elle-même. Mais ceci est une autre histoire, pour une autre
occasion.8
Notes
1. Voir à ce sujet Dennis Wood, ‘Un enchaînement nécessaire
de causes et d’effets’. An aspect of Madame de Charrière’s art’, in Documentatieblad
Werkgroep 18e Eeuw 27, 28, 29 (1975), p. 159-170. Le sujet a été traité
récemment par Jacqueline Letzter dans Intellectual Tacking. Questions of
Education in the Works of Isabelle de Charrière, Amsterdam, Rodopi (Coll.
Faux Titre, 145,) 1998.
2. Jean-Jacques Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse;
Isabelle de Charrière, Lettre écrites de Lausanne. Présentation de Jean
Starobinski, Lausanne, Editions Rencontre, 1970, p. 45: ‘ce ‘réalisme’
limité, mais vif et sans illusion, est peut-être ce que la littérature
française peut offrir de plus semblable à l’Œuvre de Jane Austen. Il n’y
a pas lieu de s’en étonner: les deux Œuvres ont le même contexte moral et
social’.
3. Roger Gard, Jane Austen’s Novels. The Art of Clarity,
New Haven and London, Yale University Press, 1992, p.87.
4. Pour le contexte social des romans d’Isabelle de
Charrière, voir Dennis Wood, ‘La Ville dans l’Œuvre d’Isabelle de Charrière’
(à paraître). On trouvera une analyse détaillée des Lettres
neuchâteloises et des autres ouvrages cités dans cet article dans notre
thèse sur Internet: http://artsweb.bham.ac.uk/artsFrenchStudies/Wood/cv.htm
5. Sur Isabelle de Charrière, Fanny Burney et Godwin, voir
Valérie Cossy, ‘Isabelle de Charrière, Frances Burney et le métier d’écrivain’
dans Une Européenne: Isabelle de Charrière en son siècle
in: Doris Jakubec et Jean-Daniel Candaux (éd.), Hauterive-Neuchâtel, Editions
Gilles Attinger, 1994, p. 125-140, et sur Jane Austen et ces mêmes écrivains
Roger Gard, ouvrage cité, et Peter Knox Shaw, ‘Sense and Sensibility,
Godwin and the Empiricists’, The Cambridge Quarterly, Vol. 27, No. 3
(1998), p. 183-208.
6. Voir dans la première des Lettres écrites de Lausanne
le commentaire de la phrase ‘sage sans pruderie, également sincère &
polie, modeste quoique remplie de talens’ (VIII, 137).
7. Sur les Trois Femmes voir Alix Deguise, Trois
femmes. Le monde de Madame de Charrière, Genève, Slatkine,
1981, et Wardy Poelstra, ‘Trois Femmes: l’architecture d’une morale’
dans Isabelle de Charrière (Belle de Zuylen). De la correspondance au
roman épistolaire. Etudes réunies par Yvette Went-Daoust,
Amsterdam, Rodopi (CRIN 29), 1995, p. 127-39.
8. Sur cette longue dispute, on peut consulter l’ouvrage
important Benjamin Constant et la Révolution française
1789-1799, édité par Dominique Verrey et Anne-Lise Delacrétaz, Genève,
Droz, 1989, et en particulier les essais de Mauro Barberis et Giuseppe Sebaste,
‘Comment devenir ce que l’on est. Benjamin Constant, Madame de Charrière et
la Révolution’ (p. 39-60) et d’Isabelle Vissière ‘Duo épistolaire ou
duel idéologique? La correspondance de Madame de Charrière et de Benjamin
Constant pendant la Révolution’ (p. 23-37).
Conférence prononcée au dixième congrès international des Lumières,
Dublin 25-31 juillet 1999.
Rapports - Het Franse Boek (RHFB). Numéro spécial sous la rédaction d’Yvette
Went-Daoust, 70 (2000), p. 94-100