BELLE DE ZUYLEN ET JAMES BOSWELL, UNE AMITIE LITTERAIRE |
![]() |
Conférence donnée au château de Zuylen le 23 octobre 1976.
I
‘Les mariages manqués de Belle de Tuyll’; ‘Boswell in search of a wife’ - c’est dans ce double cadre sentimental qu’on a l’habitude de décrire les rapports entre Belle de Zuylen et son ami écossais James Boswell.1 Cependant, quelle différence entre le futur auteur de la Vie de Samuel Johnson et cette collection de médiocrités qui peuplent la fameuse galerie d’‘épouseurs’ de Belle de Zuylen! Et quelle différence entre Belle de Zuylen, la femme la plus brillante, la plus intelligente, que Boswell ait jamais rencontrée, et toutes ces braves Ecossaises dont il inscrit de temps en temps le nom sur sa liste d’épouses possibles! Cette amitié entre deux jeunes auteurs en pleine activité créatrice, qui sont déjà, à leur insu, sur le chemin de la célébrité littéraire, on aurait tort de la réduire à une banale histoire sentimentale. Personne ne niera l’importance de l’aspect sentimental de leur amitié; mais c’est un aspect qu’il faut compléter en plaçant leurs rapports sur le plan intellectuel et littéraire. C’est par un poème que Boswell annonce dans son journal sa première rencontre avec Belle; c’est par son nom littéraire ‘Zélide’ - qu’il la désigne habituellement; et c’est par une querelle littéraire, à propos de la traduction de l’ouvrage de Boswell sur la Corse, que prend fin leur correspondance. Belle et Boswell ont chacun leur style et chacun leur manière d’interpréter l’expérience: étudier les documents sur cette amitié qui nous sont parvenus, c’est étudier des documents littéraires qu’il faut lire à la lumière d’une certaine psychologie, d’une certaine vanité d’auteur.
Boswell en Hollande
C’est en août 1763 que James Boswell arrive pour un séjour
de dix mois à Utrecht, où son père l’a envoyé
suivre des cours de droit à l’Université.2 Il
fait la connaissance de Belle en octobre, et bientôt il la verra
très souvent, à Utrecht d’abord, au cours de l’hiver, et
ensuite à Zuylen, où il deviendra un fréquent visiteur.
En Boswell, Belle trouve un jeune homme intelligent qui a le même
âge qu’elle, qui est au courant de la littérature et de la
philosophie de l’époque, et qui a déjà publié
quelques petits écrits en vers et en prose. Les nouveaux amis ont
bien des points communs. Ils ont, par exemple, la même impatience
à l’égard du milieu calviniste où ils sont nés
tous les deux: Belle, se sentant à l’étroit dans la société
hollandaise, déclare qu’elle ’n’est d’aucun pays’; Boswell, qui
préfére Londres à Edimbourg, est en train de devenir
un esprit cosmopolite, et en 1764 il entreprendra ce grand voyage d’Europe
où il rencontrera Rousseau, Voltaire, Paoli et d’autres grands hommes
de l’époque. Belle et Boswell ont également des points communs
sur le plan psychologique: ils ont chacun une étonnante mobilité
d’esprit et se plaignent d’une noire mélancolie qui alterne avec
une folle gaieté. Mais la ressemblance essentielle entre les deux
amis, c’est qu’ils éprouvent la même manie de jeter sur le
papier tout ce qui leur passe par la tête, le même irrésistible
besoin d’écrire, et surtout d’écrire sur eux-mêmes.
Pour Belle, comme pour Boswell, vivre ne suffit pas: il faut se regarder
vivre, se dédoubler, se détacher de soi, pour que le moi
qui tient la plume puisse analyser et fixer l’autre moi qui vit et agit.
Ils écrivent en secret; pourtant leur vanité les pousse à
se montrer à quelqu’un, et ils ont chacun leur confident: Boswell
envoie son journal par tranches à un ami sûr en Angleterre;
Belle adresse ses analyses personnelles à Constant d’Hermenches,
ne doutant pas de la discrétion de ce confident qu’elle a choisi
elle-même.
Mais, s’il y a des ressemblances entre les deux amis, il y a aussi des
différences. Boswell se déclare hostile à cette liberté
d’esprit, à ce désir de tout mettre en question qu’on trouve
dans les écrits de Belle. On sait combien elle choque la bonne société
hollandaise par la liberté de ses propos et le peu de respect qu’elle
témoigne pour les conventions. Dans ses lettres à Constant
d’Hermenches elle n’hésite pas à tout critiquer à
la lumière de la nature et de la raison pour aboutir à des
idées fort peu orthodoxes sur le mariage, la morale et la religion.
On y trouve parfois un véritable libertinage d’esprit, quand, par
exemple, elle déclare, dans un passage devenu célèbre,
que, si elle n’avait ni père ni mère, elle serait Ninon peut-étre!3
Boswell, au contraire, ne veut choquer personne: il accepte les conventions
sociales, et, très traditionnaliste en tout, il se plaint, par exemple,
que les Hollandais ne respectent pas la pureté de leur langue: ‘The
Dutch language is an old, strong, rich language... It has annoyed me to
hear so much French mixed with the Dutch. It is a scandalous business that
free peoples should in that fashion decline every day from the sober strength
of their respectable ancestors.’4 Cependant, le cas Boswell
est complexe, car le Boswell que rencontre Belle à Utrecht est un
jeune homme en train de se réformer qui souhaite rejeter une très
grande partie de son passé. Pour bien comprendre Boswell en 1763,
il faut remonter un peu en arrière. On trouve dans le journal que
Boswell rédige en Hollande, ainsi que dans ses lettres de cette
époque, de nombreuses allusions au genre de vie qu’il avait mené
avant sa réforme. Par exemple, il écrit le 20 janvier à
son ami et confident Temple: ‘I shall ever reverence Utrecht, for it was
there that I first began to act upon steady and manly principles. I am
already not a little altered. But altered for the better. However, I must
guard against extremes. No longer ago than last winter, I was the ardent
votary of pleasure, a gay sceptic who never looked beyond the present hour,
a hero and a philosopher in dissipation and vice...’5 Pour se
convaincre que Boswell dit la vérité, il suffit de lire son
journal de 1762, où il décrit avec une franchise parfois
déconcertante la vie de libertin qu’il menait à Londres.6
Mais Boswell n’est pas un libertin ordinaire: en usant et abusant de sa
faculté de dédoublement, il réussit à se convaincre
que le jeune débauché qu’il décrit dans son journal
n’est pas le vrai James Boswell. Cependant, où trouver le ‘vrai’
James Boswell? En réalité, cet être mobile n’a jamais
réussi à résoudre ce problème: plusieurs James
Boswell réussiront à coexister tant bien que mal en lui jusqu’à
la fin de sa vie. C’est la recherche de son identité qu’il poursuit
tout au long de ses nombreux journaux, qui fait le prix de ces merveilleux
documents littéraires et psychologiques.
La réforme personnelle entreprise par Boswell au moment où
il commence son séjour en Hollande est un sérieux effort
pour fixer sa personnalité. Il s’agit aussi, au moins en partie,
d’une réforme inspirée par sa vanité. Très
ambitieux, ce jeune Ecossais naïf veut devenir un jour ‘un grand homme’
(‘a great man’), qui sera admiré et respecté par la société.
Il se rend compte qu’il existe un Boswell sérieux, naturellement
porté à respecter les conventions sociales, la saine moralité
et la religion. Mais il ne sait que trop bien qu’il existe aussi un Boswell
débauché, paresseux, grotesque, clownesque même. Il
y a un Boswell sage, l’ami du grave moraliste Samuel Johnson, qui s’entretient
sérieusement de littérature et de philosophie avec les grands
auteurs de l’époque; il y a d’autre part un Boswell clown qui, un
soir au théâtre, a l’idée saugrenue d’émettre
un beuglement de vache à la grande joie du public qui s’empresse
de s’écrier: Bis, bis, et Boswell accepte, au désespoir
des acteurs, de démontrer encore une fois son remarquable don d’imitateur.
Pour Boswell, se réformer, c’est mettre de l’ordre dans ce chaos,
c’est fixer cette mobilité qui le plonge dans une mélancolie
profonde en lui donnant l’impression que la vie n’a pas de sens. Il faut
qu’il se donne un but: ce sera celui de cultiver son intelligence, de se
préparer à sa carrière de ‘grand homme’. Il faut également
qu’il supprime ce côté libertin, léger et clownesque
de sa personnalité qui est étranger au ‘vrai’ Boswell. Il
lui faut aussi un modèle, un mentor: ce sera le Dr Johnson pour
qui Boswell est déjà presque un fils adoptif. Mais pour qu’il
mène à bien sa réforme, il est encore un élément
indispensable: c’est l’élément littéraire - son journal.
Selon Boswell, un homme ajuste son caractère dans son journal, comme
une femme ajuste sa robe devant une glace. Grâce à son journal,
il peut se donner de sages conseils tous les matins, et tous les soirs
passer en revue sa conduite de la journée. James Boswell, on le
sait, a passé sa vie à se donner de sages conseils - et à
ne pas les suivre. Mais son séjour en Hollande fait exception à
la règle: c’est la seule époque de sa vie où il soit
parvenu à se conduire d’une manière telle qu’il ne trouve
pas de reproche à s’adresser, mais ce résultat n’est obtenu
qu’au prix d’une lutte acharnée contre sa terrible mélancolie
et contre sa mobilité. Dès son départ d’Utrecht, il
renouera, et non sans enthousiasme, avec sa vie de libertin.
II
C’est dans son journal, à la date du 31 octobre 1763, que Boswell
fait allusion pour la première fois à Belle de Zuylen: ‘And
yet just now a Utrecht lady’s charms Make my gay bosom beat with love’s
alarms’.7 Je ne cite que le début de ce très mauvais
poème. Il ne faut pas prendre au sérieux ce que dit Boswell
de son amour pour Belle. S’il est amoureux à ce moment-là,
c’est de celle qu’il appelle ‘la veuve’, Mme Geelvinck, qui lui inspire
une passion dont il parle très souvent. Mais ce qu’on peut prendre
au sérieux, c’est la petite note de la même date que le poème,
où il écrit: ‘At night you was absurdly bashful before Miss
de Zuylen... You put on foolish airs of a passion for Miss de Zuylen’.
Ici, Boswell est en train de passer en revue sa conduite de la journée:
il n’est pas content de sa manière de se conduire devant celle qu’il
n’appelle pas encore ‘Zélide’. On trouve la même réaction
dans le passage suivant, tiré du journal à la date du 12
novembre: ‘You passed three hours at Brown’s with Miss de Zuylen. You was
too much off guard, and gave way too much to instantaneous fancy... You
was a little light headed’8
Le 28 novembre il réussira mieux: ‘You played a party with
a prince and Miss de Zuylen. You was shocked, or rather offended, with
her infinite vivacity. You was on your guard: at supper you was retenu...’9
‘You was too much off guard’ - c’est le style perpétuel des
reproches qu’il s’adresse chaque fois qu’il se sent en danger, chaque fois
qu’il court le risque de ne pas rester fidèle à ses ‘principes’.
Evidemment, chaque fois qu’il voit Belle de Zuylen, il parle trop, il devient
trop gai, trop spontané. Quant aux réactions de Belle devant
son nouvel ami, elle écrit à d’Hermenches: ‘Quand je vais
à l’assemblée, je cause et je joue avec un jeune Ecossais
tout plein de sens, d’esprit et de naïveté.’10 Ce qui plaît
à Belle, c’est cette gaieté, cette spontanéité,
que Boswell se reproche.
Bien qu’il se déclare ‘choqué’ par la vivacité de
Belle, Boswell ne résiste pas au plaisir de s’entretenir avec elle:
sa franchise lui plaît malgré lui. Le 8 février 1764,
il lui propose ce qu’il appelle ‘un pacte de franchise’. ‘You said to Zélide,
"Come, I will make a pact of frankness with you for the whole winter,
and you with me". You talked freely to her of prudence’. Mais, brusquement,
il se rend compte qu’il a oublié ses sages conseils: le partisan
de la prudence à été imprudent: ‘But you talked too
much. They all stared. Be on guard’.11
Belle acceptera de parler très librement à Boswell;
elle lui parlera d’amitié, de morale et de religion; elle lui parlera
aussi de sa mélancolie. Mais Boswell, pour sa part, n’a pas vraiment
l’intention de parler à son amie avec une franchise totale: il évitera
de lui parler de sa mélancolie à lui, il ne lui parlera pas
de son journal, il passera sous silence certains problèmes métaphysiques
et religieux qui le tourmentent, et quant à sa vie de libertin,
ce n’est pas avec une jeune fille qu’il consentirait à en parler.
La ‘franchise’ de Boswell vis-à-vis de Belle consistera à
lui parler des idées du ‘vrai’ Boswell, c’est-à-dire du Boswell
réformé, source intarissable de bons principes et de sages
conseils. Son rôle sera, comme il le dit lui-même, celui de
Mentor.
Boswell Mentor
L’idée de Boswell Mentor peut faire sourire. S’il considère
qu’il est en mesure de jouer ce rôle tellement inhabituel pour lui,
c’est peut-être qu’il pense que Belle de Zuylen a des défauts
de caractère qu’il ne connaît que trop bien. Le 9 février
1764, il dit à Mme Geelvinck: ‘It was only a year ago that I was
the slave of imagination and talked like Mademoiselle de Zuylen. But I
am making great advances in prudence.’12
Mais comment Boswell peut-il donner des conseils à une jeune
fille qui lui donne des complexes d’infériorité? Le 17 avril,
il écrit à Temple: ‘She is a charming creature. But she is
a savante and a bel esprit, and has published some things.
She is much my superior. One does not like that.’13 Cependant,
il reprendra courage. Trois jours plus tard, il a une conversation avec
son ami Reynst, qui lui dit: ‘But really, though Mademoiselle de Zuylen
has a great deal of wit, she tries too hard to be subtle. She was brought
up at Geneva, where certainly there is unlimited wit among the ladies.
But they lack good principles. They sometimes sacrifice probity to brilliance.’
Boswell est frappé par cette analyse du caractère de son
amie: ‘Reynst changed to some extent my idea of Zélide. However,
I fought like her champion. I said: "That young lady makes me feel
very humble, when I find her so much above me in wit, in knowledge, in
good sense". "Excuse me", said Reynst, "She lacks good
sense and consequently she goes wrong; and a man who has not half her wit
and knowledge may still be above her." I made no reply to that. I
thought it very true, and I thought it a good thing. For if it were not
for that lack, Zélide would have an absolute power. She would have
unlimited dominion over men, and would overthrow the dignity of the male
sex.’14 Rassuré, Boswell peut jouer son rôle de
Mentor, car Belle, malgré son esprit brillant, serait dépourvue
de ‘bons principes’. Boswell, après s’être réformé
lui-même, va entrependre la réforme de Belle de Zuylen.
Boswell, pendant son séjour à Utrecht, a assez bien réussi
dans son rôle de sage philosophe. On en trouvera la preuve dans le
fait que Belle écrira plus tard à Constant d’Hermenches:
‘Boswell est parti il y a trois semaines. Il m’a parlé jusqu’au
bout morale, religion, amitié. Il est si honnéte homme qu’il
en paraît singulier dans ce siècle pervers.’15
Boswell se rend compte de son succès: il dira quelques mois
plus tard (le 5 décembre 1764) à Jean-Jacques Rousseau: ‘During
my spell of melancholy at Utrecht, I made the acquaintance of a young lady,
very rich and of the first rank. I behaved in such a way as to be honoured
with the reputation of a philosopher.’16
Si Boswell a si bien réussi dans son rôle, c’est parce
qu’il est un merveilleux causeur, et son mélange de sérieux
et de naïveté, qui plaira à des hommes aussi différents
que Rousseau et Voltaire, et qui plaît déjà à
ce grand génie de la conversation qu’est Samuel Johnson, ne peut
manquer de plaire à Belle de Zuylen. Comme il est dommage que Boswell,
qui a noté avec un tel soin toutes ses conversations avec Johnson,
Voltaire, Rousseau, Paoli, Burke, Goldsmith, Garrick, Reynolds - comme
il est dommage qu’il n’en ait pas fait autant pour celles qu’il a eues
avec Belle! Cependant, il y a des passages de son journal qui résument
assez bien quelques-uns de leurs entretiens: ‘I talked to her seriously
and bid her marry a bon baron of good sense and amiable manners
who would be her superior in common life, while he admired her fine genius
and all that. She said she would marry such a man if she saw him. But still
she would fain have something finer. I told her that she erred much in
wishing for what could not last. I said she would never have a man of such
sensibility. "For instance, I would not marry you if you would make
me King of the Seven Provinces." In this fine, gay, free conversation
did the minutes fly. I don’t remember the half of what we said.’17
(25 mai 1764).
Belle fait allusion à la même conversation dans une lettre
à d’Hermenches: ‘Il me dit l’autre jour que quoique je fusse a charming
creature, il ne serait pas mon mari, eussé-je pour dot les sept
provinces unies; et je trouvai cela fort bon.’18 Elle raconte
aussi à d’Hermenches une autre conversation qu’elle a eue avec Boswell:
‘"Est-il possible, me disait-il, que vous négligiez de vous
faire respecter quand cela vous serait si facile?... Gardez toutes ces
folies, que vous dites à qui veut les entendre, qu’on ne comprend
pas, et qu’on interprète mal; gardez-les pour moi, pour votre ami,
dites-les en anglais..."’ et elle ajoute: ‘Je trouve pourtant qu’il
a quelque raison, et si je ne craignais le ridicule de l’affectation, et
encore plus le tourment de la gêne, j’essaierais peut-être.’
Elle continue dans un passage où l’on voit que Boswell moraliste
l’intéresse: ‘Vous devez voir combien son idée est assortie
à son caractère. Il respecte l’humanité, il veut que
ceux qui l’honorent se distinguent et qu’on leur rende hommage; il aime
que la vertu s’annonce par un extérieur imposant, que ce qui l’accompagne
prenne un air de grandeur qui subjugue d’avance le vulgaire. L’austérité
de sa morale ne lui fait pas condamner les plaisirs d’une imagination vive,
d’une conversation libre; mais il veut qu’on les prenne en forme de récréation,
que je me relâche avec lui, que je me divertisse, comme un prince
oublie la pourpre et le pouvoir avec ses favoris... Boswell prend d’avance
plaisir au respect qu’il compte s’attirer un jour.’19
Il est évident que, sur le plan de la conversation, Belle
et Boswell s’entendaient à merveille, fait qui n’est pas passé
inaperçu dans la société: ‘Richardson could not well
understand Zélide and me. "It is lucky", said Mr Chaplain
to me, "that you are to be no longer together; for you would learn
her nonsense, and she would learn yours."’ Et Boswell ajoute: ‘He
was right. Our airy speculating is not thinking.’20 (14 juin
1764) Donc, Boswell n’est pas content. Mentor n’a pas réussi à
réformer Belle de Zuylen. Les leçons vont continuer par correspondance.
Avant de passer à leur correspondance, il convient de s’arrêter
un instant pour considérer l’aspect sentimental de leur amitié.
Il est évident que Boswell pense à la possibilité
d’épouser Belle, car il pense au mariage chaque fois qu’il rencontre
une jeune fille de bonne famille qui lui plaît. Mais il note à
plusieurs reprises dans son journal que Belle ne pourrait lui convenir:
‘Zélide was nervish. You saw she would make a sad wife and
propagate wretches.’21 (18 avril 1764) ‘She sang and repeated verses, but
was too forced-meat. She would never make a wife.’22
(3 mai 1764)
Cependant, il se rend compte, vers la fin de son séjour en Hollande,
qu’il éprouve beaucoup de tendresse à son égard. Le
10 juin, il écrit dans son journal: ‘She owned to me that she was
a hypochondriac and that she had no religion other than of the adoration
of one God. In short, she discovered an unhinged mind; yet I loved her.’23
Et en même temps, il est convaincu que Belle est amoureuse de lui:
le 11 juin il écrit: ‘You would be miserable with her. Yet she is
to write, and loves you.’24 Le 17 juin il écrit à
Temple: ‘Temple, be assured that I could have this angelic creature for
my wife. But she has such an imagination that I pity the man who puts this
head into her power. For my part, I choose to be safe.’25
III
La correspondance
Boswell, qui devait partir pour l’Allemagne le 18 juin, fait ses adieux
à Belle de Zuylen le 14; cependant, il revient à Zuylen le
17, et Belle lui donne une lettre qu’elle avait déjà écrite,
et qui marque le début de leur correspondance. C’est une très
belle lettre, presque un journal, où Belle analyse la mobilité
de ses sentiments en pensant au départ de son ami. Elle écrit
avec sa franchise habituelle et avec ce mélange de pénétration
et d’ironie qui fait penser à Voltaire: ‘Malgré toute votre
philosophie, vous êtes fort curieux, mon ami, de savoir comment je
suis pour vous, il y aurait plus de dignité, peut-être, à
ne pas le dire, mais je ne me soucie pas de la dignité, je dédaigne
l’art qui chez vous est en vénération... je suis naturellement
disposée à dire ce que je sens, et ce que je pense.’ Et elle
dit très franchement quelque chose qui va choquer Boswell: ‘Vous,
mon philosophe ami, m’avez paru avoir les agitations d’un amant...’ Elle
dit qu’à cause de ces agitations, elle a été ‘distraite’.
Puis elle donne libre cours à son libertinage d’esprit d’une manière
qui ne manquera pas de déplaire à Boswell: ‘J’aimerais assez
un mari qui me prendrait sur le pied de sa maîtresse; je lui dirais:
ne regarde pas la fidélité comme un devoir tant que j’aurai
plus de charmes, plus d’esprit, plus de gaieté qu’une autre.’26
Boswell, qui est sur le point de partir - pour de bon cette fois
- n’a pas le temps de répondre à tout ce que dit Belle dans
sa lettre, mais il lui envoie un court billet dans lequel il lui dit qu’elle
se trompe en pensant qu’il éprouve de l’amour à son égard:
‘I was honest or simple enough to leave her a short letter, assuring her
that I was not amoureux, but would always be her fidèle
ami. ’27 Belle répond le lendemain: ‘C’est tant mieux
mon ami, c’est tant mieux que je me sois trompée... Votre amitié
vaut mieux que de l’amour, vous en êtes plus estimable de savoir
aimer comme cela, moi je suis plus flattée d’être aimée
comme cela...’ Et elle assure Boswell que la tendresse passagère
qu’elle avait éprouvée à son égard relevait
uniquement de la mobilité de ses sentiments. Pour le rassurer complètement,
elle ajoute: ‘Vous aviez bien raison de dire que je [ne] vaudrais rien
pour votre femme. Nous sommes parfaitement d’accord là-dessus. Je
n’ai pas les talents subalternes’.
Belle comprend que son ami se prend trop au sérieux pour qu’on puisse
le taquiner sur ses sentiments intimes. D’autre part, il est parfait dans
son rôle de Mentor: qu’il continue donc dans ce rôle: ‘Pourquoi
vous repentiez-vous avant-hier du personnage de Mentor? Il vous a fait
beaucoup d’honneur dans mon esprit. J’ai vu à la fois combien vous
aviez de raison, de bonté, et d’amitié pour moi, et j’en
ai pris beaucoup pour vous.’28 Mentor répond de Berlin
le 9 juillet par une longue lettre de 17 pages.29 Boswell y
fait allusion dans son journal: ‘I wrote to her with the serious freedom
of a friend, convinced that she could never have me for a lover, and assumed
the tone of a preceptor.’30 (25 août 1764)
Boswell a raison de parler du ‘tone of a preceptor’: en effet, Mentor est
devenu pédant, et la manière dont il donne des conseils est,
du moins pour le lecteur moderne, très déplaisante. Mais,
ce qu’il y a de plus ridicule dans cette lettre, c’est que Mentor veut
que Belle lui dise qu’elle l’aime - et cela sans que lui s engage à
lui en dire autant. La première partie de la lettre a plu à
Belle. Elle le dira plus tard à Boswell: ‘J’y trouvai des traits
qui me ravirent, essors sublimes d’une belle âme, échauffée
par le feu de la plus vive amitié. J’en a relu les premiers feuillets,
je les ai fait admirer à d’Hermenches, je les relirai encore’31
Mais la fin de la lettre lui déplaît, et elle ne répond
pas. Elle ne répondra que le 27 février, après avoir
reçu deux autres lettres de Boswell, qui se plaint de son long silence.
Elle lui dit, avec une franchise qui ne laisse rien à désirer:
‘Je fus choquée et affligée de voir chez un ami que je croyais
un jeune homme et un sage, la puérile vanité d’un fat jointe
à la rigidité orgueilleuse d’un vieux Caton.’32
La réponse de Boswell est perdue. Il n’en reste qu’un fragment
qu il a supprimé et qu’il n’a pas osé envoyer: ‘Sachez, ma
chère amie, que je suis prêt de vous faire un récit
dont vous serez étonnée... Croyez-moi, Zélide, c’est
vous qui n’as [sic] assez pénétré le caractère
singulier de votre aimable et fier Ecossais’.33 On peut deviner
le contenu de la lettre reçue par Belle d’après sa réponse,
qui date du 25 mai 1765: ‘Je vous aime en vérité beaucoup,
et à présent que vous me dispensez de me dire et de me croire
amoureuse, tout ira bien entre nous; comme vous dites fort bien, nos plus
beaux jours vont venir.’34
Leur correspondance de cette époque, telle que nous l’avons,
s’arrête ici, elle ne reprendra qu’en 1768. Mais pour combler cette
lacune nous disposons de quelques lettres de Boswell au père et
au frère de Belle, parmi lesquelles la plus importante est celle
du 16 janvier 1766, où il demande Belle en mariage.35 C’est
encore une lettre très pédante. Boswell ne cache pas à
M. de Zuylen que le caractère de sa fille lui cause quelque inquiétude,
et il lui déclare qu’il ne l’épouserait qu’à la condition
qu’elle jure solennellement de ne jamais rien publier sans l’autorisation
préalable de son mari, et de ne jamais entretenir aucune correspondance
clandestine. Dans sa réponse, M. de Zuylen fait savoir très
poliment à Boswell que sa fille doit épouser Bellegarde.36
Néanmoins, Boswell désire revoir son amie et se décide
à repasser par Utrecht avant de rentrer dans son pays, mais la mort
de sa mère bouleverse ses projets et il rentre directement en Ecosse.
IV
Dans cette correspondance, les lettres de Boswell nous déçoivent:
cette pédanterie et cette vanité ridicule nous paraissent
insupportables. Les lettres de Belle, d’autre part, sont, par leur style,
leur ironie et leur pénétration, parmi les plus belles qu’elle
n’ait jamais écrites.
Si les lettres de Boswell manquent de naturel, c’est qu’il est troublé
chaque fois qu’il écrit à son amie. Dans ses lettres à
Temple, d’autre part, il est d’un naturel parfait, et sait communiquer
admirablement toute la mobilité de son esprit et ses réactions
devant la comédie humaine, comédie dont il fait partie lui-même,
car maintenant il a renoncé à l’application rigide de ses
sages principes et ne méprise plus la poursuite du plaisir. Mais
Temple est un homme, et Boswell peut tout lui raconter, comme il racontera
tout à Jean-Jacques Rousseau. Belle de Zuylen est une jeune fille:
une franchise totale est interdite. Il est un fait qui complique leurs
rapports: Boswell est troublé par un problème auquel il ne
parvient pas à trouver de réponse: Belle de Zuylen lui conviendrait-elle
comme épouse? Il sait que Belle est la jeune fille la plus remarquable,
la plus intelligente, qu’il ait jamais rencontrée, mais elle a des
idées et des traits de caractère qui l’inquiètent.
Voici comment il décrit son dilemme à Temple, dans une lettre
du 23 juillet 1764:
‘I find strange fancies coming into my head that I might not do amiss to
bring home with me the daughter of one of the first nobles of Utrecht:
that I might by that means have an immediate independent fortune of £1000
a year; that I might live in supreme happiness with a handsome and accomplished
lady. But on the other hand, Zélide is of a bad constitution. Her
spirits are unequal. She is either wretched or excessively blessed. She
has no prudence, and although she has the best heart in the world, her
ungoverned fancy may make her do many wrong things and make a husband very
uneasy. Then Sir, she is a metaphysician and a mathematician too. Is not
all this too much? After the first year should I not be very miserable
with such a woman?’37
Incapable de trancher le problème, Boswell demandera conseil
à tous ses mentors; après Temple, ce sera le tour de Jean-Jacques
Rousseau et de John Wilkes. Quand finalement il demandera Belle en mariage,
ce sera après avoir consulte son frère, Willem-René
de Tuyll.
Mais le facteur essentiel qui, à mon avis, complique leur amitié,
relève du caractère littéraire de leurs rapports.
Boswell mentor, c est Boswell qui joue un rôle littéraire:
c’est Boswell qui se dit, ‘Be Johnson’ (Soyez comme Samuel Johnson, prenez-le
comme modèle). Tous les matins pendant son séjour à
Utrecht, il fait son portrait dans son journal, et quand il rend visite
à Belle, c’est pour se conduire d’une manière conforme à
ce portrait d’un Boswell idéal. Sur le plan de la conversation,
nous l’avons vu, il réussit parfaitement. Mais sur le plan de la
correspondance, le rôle de Mentor est un rôle ingrat: un monologue
remplace la conversation, et Mentor devient vite ennuyeux. Boswell se trouve
plus ou moins condamné à jouer ce rôle: il est enfermé
dans ce personnage qu il a créé avec tant de minutie; il
ne peut pas parler à Belle comme il parle à Temple ou à
Rousseau, et quand il essaie de parler de son amour, il s’empêtre
dans des contradictions parce qu’il n’est pas certain de vouloir épouser
son amie. Pour Boswell, jouer le rôle de Mentor à Utrecht,
était une manière de définir le ‘vrai’ Boswell; mais
maintenant qu’il a abandonné l’application stricte de ses principes,
une lettre écrite par Mentor n’est plus qu’un exercice d’écolier
- le ‘vrai’ Boswell du jour se trouve ailleurs: dans son journal et dans
ses lettres à Temple.
Il convient de souligner également le caractère littéraire
des lettres de Belle. Dès qu’elle a la plume à la main, il
lui est impossible de résister à la tentation de se présenter
très mobile quant à ses sentiments, et très libre
en ce qui concerne ses idées. Sur le plan de leur correspondance,
Boswell est un sage philosophe et Belle une femme qui risque de devenir
libertine. Mais sur le plan de la vie réelle, on le sait, c’est
tout le contraire: c’est Boswell qui est libertin, tandis que Belle mène
une vie irréprochable. Ce qui nous étonne, c’est que Belle
prenne Boswell mentor au sérieux, et que Boswell ne semble pas comprendre
qu’il ne sera jamais question que Belle devienne une femme légère.
Evidemment, nos deux auteurs se prennent très au sérieux
au niveau de leurs écrits: chacun accepte la persona littéraire
de l’autre et confond la littérature avec la réalité
vécue. On pourrait pousser très loin cette analyse. Quand
on parle de la pénétration psychologique de Belle, on parle,
me semble-t-il, uniquement de la manière dont elle comprend sa propre
personnalité. Elle se comprend très bien, mais, malgré
son intelligence, elle a tendance à très mal comprendre les
autres, et à les voir à travers son imagination. C’est ainsi
qu’elle a compris Bellegarde, et, au moins pour un temps, M. de Charrière.
Boswell mentor est un peu Boswell conforme à l’imagination de Belle,
et elle l’a quelque peu poussé à jouer ce rôle. Malgré
la naïveté transparente du jeune Ecossais, elle ne semble pas
avoir compris que le Boswell qu’elle voyait très souvent à
Utrecht, était un être malheureux tourmenté par la
mélancolie, le doute et la mobilité de son caractère.
Quant à Boswell, à mon avis il n’a jamais compris Belle de
Zuylen, et le peu qu’il a compris vient non de son propre jugement, mais
de celui de Reynst. Dans sa lettre à Temple que j’ai citée,
Boswell ne fait que résumer le Portrait de Zéilde
- en effet, c’est presque toujours à ‘Zélide’ que pense Boswell,
au portrait littéraire qui cache la réalité vécue
et très rarement à la véritable Belle de Zuylen. Leur
correspondance, en fait est plus ou moins un échange entre deux
portraits littéraires, entre Mentor et Zélide, où
la réalité vécue a très peu de place.
V
Je passe très rapidement sur le dernier chapitre de cette amitié:
leur correspondance de 1768. Malheureusement plusieurs lettres sont perdues;
il n’en reste que deux: une de Belle et une de Boswell. Dans celle de Belle
qui date du 16 février 1768, elle écrit avec une ironie mordante:
Boswell, semble- t-il, a envisagé à nouveau de l’épouser,
et, avec sa naïveté habituelle, lui a parlé de ses projets
de mariage en Ecosse. Belle écrit: ‘Permettez-moi de remarquer que
vous prenez bien votre temps pour toutes choses. Vous avez attendu pour
m’aimer que vous fussiez dans l’Ile de Corse, et pour me le dire vous avez
attendu que vous en aimassiez une autre et que vous lui eussiez parlé
de mariage: voilà encore une fois, voilà bien prendre son
temps. J’ai lu avec plaisir et en souriant vos tardives douceurs. Ah! vous
m’aimiez donc!’38 Elle parle aussi des écrits de Boswell:
il est sur le point de publier son Account of Corsica, qui lui vaudra
bientôt une très grande célébrité. Belle
dit qu’elle serait charmée de le traduire en français. Boswell
répond le 26 février. Il avoue, avec sa belle naïveté:
‘My faults have not escaped your penetration’. Il tente d’expliquer son
étrange conduite, qu’il attribue à sa mélancolie.
Il dit aussi que son projet d’épouser ‘a good homebred heiress’
vient d’échouer, et que maintenant il est libre: ‘I am therefore
a free man, and you cannot again tell me: "Vous prenez bien votre
temps". To be plain with you, my dear friend, I want your advice.’39
‘I want your advice’ - c’est donc au tour de Belle de jouer le rôle
de Mentor!
On ne connaît la fin de leur correspondance que grâce aux quelques
allusions que Belle et Boswell y font dans des lettres à des tiers.
Le 26 avril Boswell écrit à Temple: ‘I received a letter
from her, full of good sense and tenderness. "My dear friend",
says she, "it is prejudice that has kept you so much at a distance
from me. If we meet, I am sure that prejudice will be removed". The
letter is in English. I have sent it to my father, and have earnestly begged
his permission to go and see her.’
Mais Boswell est incorrigible: il redevient Mentor: ‘I have written to
her and told her all my perplexity. I have put in the plainest light what
conduct I absolutely require of her, and what my father will require.’40
En même temps, il lui interdit d’apporter aucun changement au texte
de son livre qu’elle est en train de traduire.
Belle de Zuylen, on le sait, ne veut épouser qu’un homme qui la
prenne telle qu’elle est. Sa réponse est malheureusement perdue,
mais Boswell l’avait envoyée à Temple avec le commentaire
suivant: ‘I told her my fears from her levity and infidel notions, at the
same time admiring her and hoping that she was altered for the better.
How did she answer? Read her letter. Could any actress at any of the theatres
attack one with a keener - what is the word? not fury, something
softer. The lightning that flashes with so much brilliance may scorch.
And does not her esprit do so? Is she not a termagant, or at least will
she not be one by the time she is forty? I have written to her that we
are agreed. "My pride", say I, "and your vanity would never
agree."’ Il finit par une très belle allusion littéraire:
‘It would be like the scene in our burlesque comedy, The Rehearsal.
"I am the bold thunder", cries one. "The quick lightning
I", cries another. Et voilà notre ménage.’41
Mais donnons le dernier mot à Belle. Le 2 juin, elle écrit
à d’Hermenches, à propos du livre de Boswell sur la Corse
dont elle avait entrepris la traduction: ‘J’étais très avancée,
mais je voulais qu’on me permît de changer des choses qui étaient
mal, d’en abréger d’autres que l’impatience française aurait
trouvées d’une longueur assommante. L’auteur, quoiqu’il fût
dans ce moment presque décidé à m’épouser,
si je le voulais, n’a pas voulu sacrifier à mon goût une syllabe
de son livre. Je lui ai écrit que j’étais très décidée
à ne jamais l’épouser, et j’ai abandonné la traduction.’42
Son geste est éloquent, et bien dans le caractère de ses
rapports avec Boswell: d’un seul coup elle rejette auteur et épouseur.
Cette rupture ne surprend pas. Esprit pratique, Boswell désire avant
tout le bonheur: il finira par épouser une Ecossaise dont la douceur
de caractère lui assurera le calme et la stabilité dont il
a tant besoin. Quant à Belle de Zuylen, ce n’est pas à la
recherche du bonheur qu’elle consacre sa vie, mais à quelque chose
qui rend le bonheur difficile sinon impossible - la recherche de la vérité.
Fidèle à ses principes, elle finira par épouser un
homme qui la prend comme elle est.
Une jeune Hollandaise à la recherche de la vérité;
un jeune Ecossais à la recherche du bonheur: c’est dans ce cadre,
où se confrontent deux grands thèmes de la littérature
du XVIIIe siècle, que se déroule l’amitié de James
Boswell et Belle de Zuylen.
* Een Nederlandse vertaling van deze tekst is verschenen in Tirade, nr. 223, maart 1977.
Notes
1 Voir: La Baronne Constant de Rebecque et Dorette Berthoud, Les
Mariages manqués de Belle de Tuyll, Lausanne, Payot, 1940; F.
Brady et F.A. Pottle (éds.), Boswell in Search of a Wife, 1766-1769,
London, Heinemann, 1957.
2 Voir, sur le séjour de Boswell en Hollande, F.A. Pottle
(éd.) Boswell in Holland, London, Heinemann, 1952.
3 Philippe Godet (éd.), Lettres de Belle de Zuylen à
Constant d’Hermenches, Paris, Plon-Nourrit; Genève, Jullien,
1909, p. 77.
4 Boswell in Holland, p. 130
5 Boswell in Holland, p. 118-119.
6 F.A. Pottle (ed.), Boswell’s London Journal, Heinemann,
1950.
7 Boswell in Holland, p. 54.
8 Boswell in Holland, p. 62.
9 Boswell in Holland, p. 72.
10 Lettres à Constant d’Hermenches, p. 50.
11 Boswell in Holland, p. 136.
12 Boswell in Holland, p. 139.
13 Boswell in Holland, p. 222.
14 Boswell in Holland, p. 224-225.
15 Lettres à Constant d’Hermenches, p. 64.
16 F.A. Pottle (ed.), Boswell on the Grand Tour: Germany and
Switzerland, 1764, London, Heinemann, 1953, p. 228.
17 Boswell in Holland, p. 253.
18 Lettres à Constant d’Hermenches, p. 61.
19 Lettres à Constant d’Hermenches, p. 153- 154.
20 Boswell in Holland, p. 278.
21 Boswell in Holland, p. 222.
22 Boswell in Holland, p. 231.
23 Boswell in Holland, p. 270.
24 Boswell in Holland, p. 270 note 2.
25 Boswell in Holland, p. 282.
26 Boswell in Holland, p. 289-293.28.
27 Boswell in Holland, p. 282.
28 Boswell in Holland, p. 294-298.
29 Boswell in Holiand, p. 299-308.
30 Boswell on the Grand Tour: Germany and Switzerland, p.
70.
31 Boswell in Holland, p. 320.
32 Boswell in Holland, p. 321.
33 Boswell in Holland, p. 324.
34 Boswell in Holland, p. 329.
35 Boswell in Holland, p. 333-342.
36 Boswell in Holland, p. 343-344.
37 Boswell on the Grand Tour: Germany and Switzerland, p.
35-36.
38 Boswell in Holland, p. 357-358.
39 Boswell in Holland, p. 359-361.
40 Boswell in Holland, p. 362.
41 Boswell in Holland, p. 363-364.
42 Lettres à Constant d’Hermenches, p. 329.
Lettre de Zuylen, no. 2 (septembre 1977), pp. 2-8.