Présentation

Isabella Agneta van Tuyll van Seroorskerken, mieux connue d’abord sous le nom de Belle van Zuylen, ensuite sous celui d’Isabelle de Charrière, révèle très tôt un tempérament d’écrivain. Dès l’âge de treize ans, ses lettres à sa gouvernante, Mlle Prevost, lui attirent les éloges de celle-ci. Elles ne nous sont malheureusement pas parvenues. Jeune fille, elle gratifie Constant d’Hermenches des plus belles missives qu’il lui soit donné de lire. ’...pour votre style et la justesse de votre esprit je vous mets de pair avec Voltaire et Mme de Sévigné’, déclare-t-il.
La jeune Belle se distingue par une vive intelligence, une grande curiosité intellectuelle et des idées peu conformistes. Ses parents font preuve d’ouverture d’esprit en mettant à sa disposition les maîtres qu’elle demande. Elle possède donc des connaissances plus vastes que la plupart de ses contemporaines; elle parle plusieurs langues, s’adonne aux mathématiques et lit les classiques. A vingt ans, elle publie anonymement une nouvelle, Le Noble, dans laquelle elle s’insurge ironiquement contre les préjugés de sa classe.

Mais c’est à Colombier que débute sa carrière d’écrivain. Elle est éclectique: romans, pamphlets, pièces de théâtre, opéras (livrets et musique) alternent à un rythme rapide. La production des années révolutionnaires est particulièrement riche et variée. EIle reflète l’engagement politique et social de celle qui est devenue, par son mariage, Isabelle de Charrière.
On ne peut pas dire que sa correspondance soit en souffrance pour autant. Le nombre des destinataires a augmenté et s’est diversifié. Outre ses proches, on compte parmi eux Benjamin Constant, neveu de Constant d’Hermenches; Pierre-Alexandre du Peyrou, ami fidèle de Jean-Jacques Rousseau; Jean-Pierre de Chambrier d’Oleyres; le traducteur allemand Ludwig Ferdinand Huber; quelques aristocrates français réfugiés à Neuchâtel sous la Révolution. Par ailleurs, les lettres échangées avec ses protégées: Henriette L’Hardy, Caroline de Sandoz-Rollin, Isabelle de Gélieu servent de banc d’essai à ses idées sur l’éducation des femmes, thématique importante de l’oeuvre romanesque.






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